MOGHOLS

MOGHOLS
MOGHOLS

En dépit du terme «moghol», dérivé de «mongol», qu’on lui applique, la dynastie qui règne en Inde de 1526 à 1858, avec des fortunes diverses, n’est pas considérée par les historiens comme étant d’origine mongole. Bien que prétendant descendre lointainement, et par sa mère, de Chingiz kh n (Gengis kh n), B ber, le fondateur en Inde de la dynastie moghole, était un Turc Chagh tai, qui, par son père, descendait de Tim r-Lang (Tamerlan), Turc Barl s régnant à Samarcande à la fin du XIVe siècle et qui envahit l’Inde en 1398. Le déclin de la puissance timouride dans le Turkestan est la cause directe de l’émergence, en Inde, de l’Empire dit moghol, puisque B ber, chassé de son domaine du Fergh na par l’invasion des Uzbeks, s’établit à K boul et, informé des difficultés d’Ibr h 稜m Lodi à Delhi, occupe Lahore en 1524. La victoire de P n 稜pat, le 21 avril 1526, lui ouvre la route de Delhi.

L’Empire moghol se maintient en Inde pendant plus de trois siècles et quatre souverains se succèdent de père en fils en l’espace de cent cinquante ans (1556-1707), permettant ainsi une remarquable stabilité de l’administration et un épanouissement, parfois somptueux, de la vie sociale et culturelle. C’est à propos de ces quatre empereurs Akbar, Jah ng 稜r, Sh h Jah n, Aurangzeb, qu’on a pu utiliser l’expression de «Grand Moghol». Si B ber, en instaurant la dynastie moghole, est devenu une figure majeure de l’histoire universelle, Aurangzeb, le dernier Grand Moghol, doit être tenu – tel est le jugement du poète-philosophe Iqb l, père spirituel du Pakistan – pour «le fondateur de la nationalité musulmane en Inde».

Dans toutes ses manifestations – architecture, peinture, arts mineurs –, l’art des Moghols témoigne de qualités très attachantes: équilibre et mesure, somptuosité discrète et raffinée, soin dans l’exécution. Il est également doté d’une originalité certaine qui lui a permis, à partir de formules empruntées tant à la Perse qu’à l’Inde, de créer un style particulier, lequel a lui-même largement influencé les cours princières de l’Inde hindoue du XVIIe au XIXe siècle.

1. Histoire

Les débuts: B size=5ber et Hum size=5y size=5n

Après avoir démantelé le sultanat de Delhi, B ber eut à faire face à la puissance rajpoute qu’il mit à la raison au cours de l’année 1527. En mai 1529, presque tous les chefs afghans se rallient à la cause de B ber, qui signe ensuite un traité de paix avec le roi du Bengale, ce qui lui permet d’établir sa suzeraineté sur la province du Bih r. Malheureusement, le règne de B ber en Inde fut de courte durée puisque sa mort survint le 26 décembre 1530, à gr . B ber a laissé un portrait précis de lui-même dans ses Mémoires , rédigés en turc oriental et qui sont un des livres les plus captivants.

Hum y n, fils de B ber, dut céder d’importants territoires à ses trois frères pour essayer de se les concilier. D’autre part, le souverain du Goujrate oblige Hum y n à défendre sa capitale, gr , et à abandonner, en 1536, la province de M lw que les troupes mogholes avaient réussi à occuper avec beaucoup de difficultés. Mais l’ennemi le plus redoutable de Hum y n fut Sher kh n, chef afghan devenu maître de la province du Bih r et qui tentait de s’emparer du Bengale. Sher kh n, par d’astucieuses manœuvres, attira Hum y n jusqu’au Bengale, puis, le prenant à revers, coupa les communications avec la capitale moghole. Hum y n subit deux graves défaites: l’une à Chauns en 1539, l’autre près de Kanauj en 1540. Commence alors pour Hum y n un long exil qui devait durer quinze ans, pendant lequel règne dans l’Inde du Nord la dynastie S r. Cependant, Hum y n n’avait pas perdu tout espoir de reconquérir son trône: il s’empare de Kaboul en 1547, puis traverse l’Indus, marche sur Lahore, met en déroute les troupes afghanes à Sarhind en juin 1555, et entre triomphalement à Delhi un mois plus tard. Un accident met fin prématurément au règne de Hum y n en juillet 1556. Son fils Akbar, né en exil, a treize ans.

L’apogée

Akbar

Avec Akbar, débute la période dite des Grands Moghols. Après avoir vaincu, à P n 稜pat, l’hindou H 稜m en novembre 1556 et rétabli l’ordre au Penj b en 1557, Akbar rentre à Delhi en avril 1558 pour affronter les rivalités de clans: d’une part, les défenseurs de Bayram kh n, loyal serviteur de la dynastie moghole, mais qui était fort jaloux de son rôle auprès d’Akbar; d’autre part, le parti du harem dont l’influence était souvent néfaste. Bayram kh n fait donner au nouvel empereur un précepteur persan, M 稜r Abdul Lat 稜, qui lui enseignera le principe de sulh-i-kull (tolérance universelle), ce qui aura une grande importance pour l’orientation ultérieure des idées religieuses d’Akbar. En 1560, ce dernier décide de prendre en main l’administration de l’empire et demande au régent Bayram kh n de faire le pèlerinage de La Mecque (accomplir le hadjdj était alors considéré comme une sorte de bannissement). Bayram kh n est, d’ailleurs, mystérieusement assassiné en 1561. Mais Akbar subira encore pendant quelques années l’influence du parti du harem.

La province de M lw est occupée, le Goujrate est pacifié et le Bengale annexé, si bien qu’en 1576 Akbar a reconstitué l’empire du nord de l’Inde. En 1583 est promulguée une série de réformes administratives concernant en particulier l’état-civil, les affaires religieuses et le contrôle des prix.

Akbar se trouve à l’apogée de sa puissance en 1595: il gouverne alors toute l’Inde du Nord, de Kaboul au Bengale; le Goudjerate et l’Oriss ont fait acte d’obéissance. Akbar se tourne alors vers le Dekkan. Entre 1596 et 1605, date de la mort de l’empereur, les territoires conquis seront organisés en trois provinces nouvelles: Ahmadnagar, Berar et Kh ndesh.

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Fils aîné d’Akbar, Jah ng 稜r se couronne lui-même empereur en novembre 1605: il a trente-six ans. L’année suivante, il doit faire face à la rébellion de son propre fils, Khusrau qui, avec l’aide de Gur Arj n Singh, guide religieux des Sikhs, met le siège devant Lahore; Jah ng 稜r pardonne à son fils après l’avoir vaincu, mais fait exécuter ses alliés, ce qui aura pour conséquence de créer une rancune tenace de la part des Sikhs contre l’Empire moghol. En revanche, au Bengale, Jah ng 稜r adopte une attitude plus conciliante à l’égard des Afghans, ce qui aboutit à une plus grande stabilité politique dans cette partie de l’empire. De même, Jah ng 稜r s’assure la loyauté des Rajpoutes. Toutefois, dans le Dekkan, la situation se détériore, et les troupes mogholes sont obligées, en 1610, de se replier sur le Goujrate. Le prince Khurram prend alors le commandement des troupes au Dekkan et le souverain de Bij pur rétrocède le territoire d’Ahmadnagar aux Moghols (1617). À cette occasion, Khurram reçoit le titre de Sh h Jah n (souverain du monde). Depuis quelques années, la personne la plus influente de l’empire est l’impératrice: en 1611, Jah ng 稜r a, en effet, épousé la Persane Mihr-un-Nis en lui donnant d’abord le surnom de N r Mahal (Lumière du palais), puis celui de N r Jah n (Lumière du monde). Les intrigues répétées de l’impératrice amènent, en 1622, la rébellion de Sh h Jah n qui, vaincu, doit s’exiler dans l’Inde centrale. Jah ng 稜r, malade, meurt à la fin de 1627.

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Au début de son règne, le nouvel empereur doit réprimer quelques révoltes. En 1631, son épouse favorite, Mumt z Mahal, meurt, et l’empereur fait élever en sa mémoire un magnifique mausolée de marbre blanc, le T j Mahall, à gr . Dans le Dekkan, la paix est conclue avec l’État de Bij pur en 1636: elle durera plus de vingt ans. Un traité de paix est également signé, mais provisoirement, avec l’État de Golconde. Aurangzeb, troisième fils de Sh h Jah n, est alors nommé vice-roi du Dekkan: il le restera jusqu’en 1644, puis le deviendra une seconde fois en 1653, lorsque le roi de Golconde causera de nouveaux troubles. Dès 1657, la guerre de succession est engagée entre les quatre fils de Sh h Jah n, et en 1658 Aurangzeb fait son entrée à gr , arrache le pouvoir à son père et se proclame empereur à Delhi. Sh h Jah n finira sa vie prisonnier dans le fort d’ gr , où il mourra en 1666.

Aurangzeb

On peut distinguer deux périodes de durée sensiblement égales dans les cinquante années du règne du dernier des Grands Moghols: de 1658 à 1682, Aurangzeb se consacre aux campagnes militaires du nord de l’Inde; de 1682 à 1707, l’empereur s’installe au Dekkan pour reconquérir les royaumes de Bij pur et de Golconde. Le début du règne est marqué par une expédition malheureuse en Assam (1663-1667); puis Aurangzeb capture et fait exécuter Tegh Bah dur, guide spirituel des Sikhs, en 1675, ce qui cause la rupture totale entre l’Islam et les Sikhs. De leur côté, les Marathes, en réussissant au cours du XVIIe siècle à créer un État indépendant, posent de sérieux problèmes, surtout à l’époque de leur chef Shiv j 稜, très actif de 1660 à 1680, année de sa mort. Enfin, la rébellion du prince Akbar contraint Aurangzeb à punir les Rajpoutes qui s’étaient fait, pour un temps, les alliés du fils de l’empereur (1681). C’est, d’ailleurs, la fuite du prince Akbar auprès du chef marathe Shamb j 稜 qui incite Aurangzeb à se porter lui-même dans le Dekkan pour exterminer ce qui était désormais devenu l’ennemi principal de l’Empire moghol, la puissance marathe.

Le centre de gravité de l’empire va donc se trouver transféré, pendant un quart de siècle, dans la partie méridionale de l’Inde, et l’Hindoustan (l’Inde du Nord proprement dite), négligé, connaît un déclin politique, social et culturel. La fin de l’année 1689 marque l’apogée de l’empire: l’exécution de Shamb j 稜 permet, en effet, à Aurangzeb d’être le maître à la fois dans le nord de l’Inde et au Dekkan; mais c’est en réalité le commencement de la fin. La dernière partie de la vie d’Aurangzeb se passera à conquérir des forts marathes, à les perdre, à tenter de les reprendre et à lutter, au prix d’efforts énormes et souvent inutiles, contre les guérillas marathes qui se multipliaient dans le Dekkan. Épuisé et conscient de son échec politique, Aurangzeb meurt à Ahmadnagar en 1707. Les musulmans considèrent, cependant, que son règne a consolidé, par opposition au règne d’Akbar, la nationalité islamique en Inde.

Le déclin

L’une des raisons principales du démenbrement de l’Empire moghol réside dans la rivalité, sourde mais implacable, qui opposa à la cour deux factions de puissance à peu près égale: d’une part, le clan touranien venu d’Asie centrale, allié à la dynastie timouride et dont les chefs étaient remarquables à la fois par leur habileté militaire et leurs dons d’administrateurs; d’autre part, le clan iranien, venu de Perse et du Khorassan, et qui était d’obédience ch 稜‘ite. Les derniers empereurs moghols, trop faibles pour assurer leur autorité sur le territoire immense que leur avait légué Aurangzeb, ne furent que des jouets ou des instruments entre les mains des chefs de ces deux clans, et l’État dériva progressivement vers l’anarchie et la banqueroute. En 1739, l’invasion des Persans, qui avec N dir Sh h occupèrent momentanément Delhi en mettant la ville à sac et en massacrant plusieurs milliers de citoyens, porta un coup mortel à l’Empire moghol. Il fallut attendre encore un peu plus d’un siècle pour que s’éteigne la dynastie avec la révolte des Cipayes (1857) et la déposition de Bah dur Sh h II qui fut exilé à Rangoon en 1858.

Organisation administrative et sociale

L’établissement de l’administration moghole se fit sur des principes quelque peu différents de ceux du sultanat de Delhi (1206-1526), et cela grâce principalement à Akbar, car ses deux prédécesseurs ne furent pas des administrateurs.

En théorie, le représentant du souverain était le vak 稜l , mais son autorité dépendait de la situation du monarque: si ce dernier était mineur – cas d’Akbar à la mort de son père –, le vak 稜l détenait une grande autorité; mais si le monarque exerçait pleinement le pouvoir, son office était purement fictif. Le premier fonctionnaire de l’État était le d 稜w n , parfois appelé was 稜r (Premier ministre), qui avait la charge des finances et exerçait aussi un droit de regard sur toute l’administration. Les principaux services de l’État étaient: l’intendance militaire sous les ordres du m 稜r bakhsh 稜 ; la maison impériale sous la surveillance du m 稜r s m n ; les affaires religieuses sous l’autorité du sadr .

L’organisation des services publics, qu’Akbar mit au point, était fondée sur le système mansabd r 稜 , emprunté à la Perse. Chaque fonctionnaire ou officier important de l’État détenait un mansab (nomination officielle mentionnant le rang et les émoluments). Akbar classait les détenteurs de ces postes en trente-trois grades allant de «commandant de 10» à «commandant de 10 000»: tous étaient directement recrutés, promus, suspendus ou congédiés par l’empereur. La dignité de mansabd r n’était pas héréditaire.

L’empire était divisé en s bah (provinces), au nombre de quinze à la fin du règne d’Akbar, de dix-sept sous Jah ng 稜r, de vingt et une sous Aurangzeb. Chaque province avait à sa tête un s bahd r (gouverneur) qui, puisqu’il était aussi le chef de l’armée, s’appelait parfois sip h s l r. L’empire était subdivisé en sark r (districts) qui comprenaient un certain nombre de pargana (arrondissements) regroupant plusieurs villages.

Il n’existait pas d’armée nationale permanente, mais tous les citoyens valides étaient en puissance des soldats de l’armée impériale. La pompe que cette armée déployait au cours de ses déplacements, ou à l’intérieur du camp impérial, fut souvent la cause de son manque d’efficacité, surtout pendant le règne d’Aurangzeb: le camp était devenu, à cette époque, une immense ville ambulante avec harem, bazar, salle d’audience, et son entretien grevait lourdement les finances de l’État.

La structure de la société était de type féodal et la noblesse constituait politiquement la classe la plus influente; mais comme les titres et les émoluments nobiliaires ne pouvaient se transmettre, les nobles menaient souvent une vie extravagante et dépensaient leur fortune en un luxe inutile. La classe moyenne, peu nombreuse, se composait d’hommes de lettres, de fonctionnaires, d’artisans qualifiés et de marchands aisés. Les paysans, de loin la classe la plus nombreuse, avaient un niveau de vie proportionnellement plus élevé que celui d’aujourd’hui, mais ils étaient, de façon générale, soumis aux tracasseries des gouverneurs provinciaux, et leur situation empira vers la fin du règne de Sh h Jah n.

Parmi les coutumes sociales, il faut citer la pratique de sat 稜 (le fait pour une veuve hindoue de se jeter sur le bûcher funéraire de son mari), le mariage des enfants et le système des dots importantes. Akbar essaya de réglementer ces usages en s’efforçant de mettre fin, par exemple, au mariage des enfants n’ayant pas atteint l’âge de la puberté.

Les villes étaient prospères: face="EU Upmacr" gr et Fa レehp r Sikri, en particulier, étaient plus vastes et plus peuplées que Londres. On importait des chevaux, des métaux, des pierres précieuses, des porcelaines chinoises, des vins européens. On exportait des textiles, des épices, de l’opium, de l’indigo. La fabrication des tissus de coton et le tissage de la soie avaient une place prépondérante dans l’activité industrielle de l’époque.

Le problème religieux

L’attitude d’Akbar envers la religion est diversement appréciée par les musulmans et par les hindous. Aimant les débats religieux, Akbar fit construire, à Fa レehp r Sikri, son célèbre ib dat-kh na (lieu d’adoration) où il rassemblait, outre les oulémas, des docteurs de diverses confessions: chrétiens, hindous, jains, parsis. En 1579, Akbar promulgua un «décret d’infaillibilité» qui faisait de lui le guide spirituel de l’empire; et c’est dans un souci d’unification et de conciliation qu’il essaya d’instaurer, en 1582, une religion nouvelle dont le trait principal était un théisme pur et simple. Cette religion syncrétiste, d 稜n-i-il h 稜 (foi divine), fut en butte aux attaques répétées des musulmans orthodoxes. Dérivée du mouvement hindouiste de bhakti (dévotion à Dieu), cette croyance suscita une réaction très vive, à la mort d’Akbar, de la part de Shaykh A ムmad Sarhind 稜 qui, sous le règne de Jah ng 稜r, contribua au développement de la pensée islamique en exposant sa doctrine de wahdat-al-shuh d (monisme testimonial). Sans doute aussi influença-t-il Aurangzeb dans la question de jiziyah : cet impôt, exigé des non-convertis à l’islam et qui avait été aboli par Akbar, fut rétabli en 1679.

Avec Aurangzeb, l’époque de la tolérance sera définitivement révolue et l’orthodoxie islamique régnera. Mais le peuple de l’Inde ne s’en trouvera pas pour autant unifié dans ses couches profondes; les divergences religieuses subsisteront jusqu’à l’époque moderne et conduiront, en 1947, à la formation de deux États distincts: l’Inde proprement dite, et le Pakistan qui regroupe la grande majorité des musulmans.

2. L’art moghol

L’architecture

Le style architectural auquel on donne le nom de moghol n’est pas apparu avant la seconde moitié du XVIe siècle, avant le règne d’Akbar. L’intérêt passionné de cet empereur pour les cultures de la Perse, de l’Europe et de l’Inde le conduisit à créer une architecture de style éclectique. L’élégance de l’architecture persane jointe aux formes massives hindoues donna naissance à un style sobre, harmonieux, dépourvu de lourdeur. L’apport hindou y domine: préférence pour le grès rouge, tendance à utiliser l’entablement, décoration sculptée et moulurée; en outre, les piliers possèdent des chapiteaux à consoles et fûts polygonaux chanfreinés, et les toits sont garnis de kiosques.

La première construction érigée pendant le règne d’Akbar (mais non sous sa direction) fut la tombe de Hum y n (1565) à Delhi. Elle est d’inspiration persane et a peu de rapport avec le style d’Akbar. Le grand double dôme (le premier en Inde), la grande alcôve en forme de voûte sur la façade, la disposition intérieure des pièces octogonales reliées par des couloirs en diagonale sont tous des éléments empruntés à la Perse, tandis que les kiosques entourant le dôme sur le toit sont d’origine hindoue.

Akbar commença différentes constructions à gr , alors considérée comme la capitale de l’empire. L’entrée occidentale du fort d’ gr , appelée la porte de Delhi (1565), annonce le style d’Akbar, style simple et sobre, utilisant le grès rouge incrusté de motifs de marbre blanc. À l’intérieur du fort, Akbar éleva plusieurs palais dont le style rappelle celui des palais hindous à l’époque médiévale comme le Man Mandir à Gw lior.

En 1569, Akbar entreprit près d’ gr la construction d’une nouvelle capitale: Fa レehp r Sikri. D’une remarquable unité de style, la ville possède deux résidences importantes: le palais de Jodh Bai (1570), destiné à l’épouse rajpoute d’Akbar, et la maison de R ja B 稜rbal (1569). Ces deux bâtiments, comme les autres édifices laïques, reflètent l’influence de l’architecture médiévale hindoue. On y voit des piliers à consoles, des arcs gujar t 稜 en forme de serpents supportant les toits, le motif stylisé de la lucarne (gav k ルa ou k ボu ) sur la base des piliers et qui remonte à l’ancienne architecture bouddhique, les makara (monstres marins), le demi-lotus, le vase jaillissant, etc.

Pendant le règne de Jah ng 稜r, un style plus léger et plus élégant apparaît. En fait, Jah ng 稜r était plus intéressé par son atelier de peintres de miniatures et par l’aménagement des jardins que par l’architecture. On peut noter le passage, sous ce règne, du grès rouge au marbre et le remplacement de motifs sculptés par des incrustations de pierres semi-précieuses (pietra dura ). Le mausolée d’Akbar (1613) à Sikandra, près d’ gr , est un exemple frappant de cette transition. Le cénotaphe du mausolée de Jah ng 稜r (1626), près de Lahore, est le premier témoignage de l’incrustation de pierres semi-précieuses dans le marbre. De même, la tombe d’Itim d-ud-Daula à gr (1628), construite par l’impératrice N r Jah n pour son père, est le premier édifice moghol à avoir été entièrement construit en marbre.

Sous le règne de Sh h Jah n, l’architecture moghole atteignit son apogée en élégance et en richesse. Marbre blanc délicatement veiné et incrustations de couleurs, arcs polylobés, double dôme étranglé à la base, fûts de piliers en forme de balustre en constituent les caractéristiques principales.

Sh h Jah n reprit Delhi pour capitale et, en 1638, commença à élever le fort de Delhi. Sur sa partie orientale, se succèdent des pavillons royaux dont les plus grands sont le Rang Mahal et le D 稜w n-i-Khas (hall des audiences privées). Ils sont pourvus d’un étage et leur façade est ornée d’arcs polylobés dont les soffites sont assez larges pour que l’élégant contour de l’arc soit répété plusieurs fois, créant ainsi un effet riche et délicat. En face du fort de Delhi, Sh h Jah n érigea la plus grande mosquée de l’Inde, la J mi’ Masjid (1644-1658). Du haut de la vaste terrasse sur laquelle elle est construite, ses trois dômes gigantesques dominent encore la ville de Delhi.

Sous le même règne, le T j Mahal, mausolée d’une épouse de Sh h Jah n (1634), atteint la perfection de la conception architecturale introduite dans l’Inde avec la tombe de Hum y n. Le double dôme est plus élevé et étranglé à la base, les petites coupoles sont placées plus près de la base du dôme; la partie de la façade de chaque côté de l’alcôve est chanfreinée seulement aux angles extérieurs. Tout cela confère au T j Mahal une harmonie particulière dont la tombe de Hum y n est dépourvue, tout en étant fort belle.

La décadence de l’architecture moghole commence lors du règne d’Aurangzeb. Celle-ci cède à une décoration plus abondante et plus mièvre, à l’excès des lignes verticales, lequel s’accentue au XVIIIe siècle. On relève ces défauts dans le Moti Masjid du fort de Delhi (1662), le Bibi-ka-Maqbara à Aurangabad (1678) et le mausolée de Safdar jung (1739-1753), dernier grand monument moghol.

La peinture

Grand amateur d’art, B bur mourut en 1530; il n’eut donc pas le temps d’influencer l’art indien, mais il transmit son goût des œuvres d’art à ses descendants. Son fils Hum y n, chassé de son royaume par un prince indo-afghan, se réfugia chez le roi de Perse, Sh h Tahm sp. Il y fit la connaissance d’un peintre, élève de l’école de Behzad, M 稜r Sayyid Al 稜, qu’il engagea et emmena à Delhi en 1555 lorsqu’il reconquit son trône. Il lui commanda l’Am 稜r Hamza N meh , œuvre en douze volumes contant la vie de l’oncle du prophète Mohammed. L’exécution de cet ouvrage dura vingt-cinq ans. M 稜r Sayyid Al 稜 employa de nombreux artistes étrangers et indiens ; son œuvre fut continuée par Abd- s-Samad de Ch 稜r z qui, lui-même, s’entoura d’artistes indiens. De ce fait, l’Am 稜r Hamza N meh peut être considéré comme le point de départ d’une nouvelle école de peinture: l’école moghole. Akbar, fils de Hum y n, régna un demi-siècle. Il fonda, dans sa capitale Fa レehp r Sikri, un atelier de peinture qu’il visitait chaque semaine et où il décernait des récompenses. La spécialité de cet atelier fut le portrait et l’enluminure de manuscrits sous la direction de M 稜r Sayyid Al 稜 et Abd- s-Samad qui s’adjoignirent des collaborateurs de toutes nationalités, mais surtout indiens. Certains devinrent célèbres, tels Bas wan, Kes et Miskin . Akbar reçut à sa cour des jésuites, admira l’art chrétien et fit copier des gravures et des tableaux européens.

Jah ng 稜r, son fils et successeur (1605-1627), fut également un protecteur des arts. Il épousa N r Jah n et abandonna la direction de l’empire pour se consacrer à la philosophie et aux arts. Il possédait de nombreux manuscrits illustrés et employa des artistes célèbres, tels Ab ’l Hasan, Ustad Mans r, excellent peintre animalier, Farr kh Beg, Mohammed Nadir de Samarqand et Govardh n, spécialiste de scènes de palais, fêtes et réceptions.

Sous le règne de son fils Sh h Jah n (1627-1658), la splendeur de la cour moghole atteignit son apogée. La peinture continua la même tradition qu’elle avait suivie sous Jah ng 稜r avec Manohar et Govardh n. Il y eut d’excellents portraitistes: Mir Hashim et Bichitr.

Aurangzeb, successeur de Sh h Jah n, mena une vie austère, s’adonna aux pratiques de la religion musulmane et adopta une politique de non-tolérance favorisant les musulmans. Il détruisit une quantité d’œuvres d’art, mais fit faire en revanche de nombreux portraits de lui-même. Après sa mort, en 1707, le démembrement de l’Empire moghol se poursuivit pendant tout le XVIIIe siècle, ce qui favorisa le développement des écoles r jasth ni et pah ri .

L’engouement des Moghols pour l’illustration peinte, à l’instar des Persans, trouva un terrain très favorable dans l’Inde, où la peinture narrative fut à l’honneur dès les époques les plus anciennes. Elle y est pratiquée non seulement par des artistes professionnels, mais aussi par des gens cultivés et même parmi le peuple; encore actuellement, à l’occasion de cérémonies telles que le mariage, les femmes exécutent à l’aide de poudres colorées des motifs décoratifs et symboliques (alpona ) sur les murs et sur le sol de leurs maisons. Le traité de peinture le plus ancien, le Vi ルユudharmottara (VIe-VIIe s.), décrit minutieusement les procédés, les formats, les sujets traditionnels et, au-delà d’une codification très poussée, témoigne d’une observation attentive de la nature et s’attache à rendre le rythme et le mouvement de la figure humaine.

Technique

Avant d’étudier la «peinture mobile» dite miniature, il convient de faire le point sur cette appellation erronée, car leur taille varie, selon les cas, de la dimension d’une feuille de dessin à celle d’un timbre poste; il s’agit donc soit d’une peinture, soit d’une véritable miniature. La peinture mobile était exécutée sur palme, étoffe, bois ou papier à base de soie, de bambou, de jute, de coton ou de lin.

Pour réaliser une miniature sur papier, l’artiste utilisait un papier fait à la main, dont il superposait deux ou trois feuilles réunies par de la colle de pâte; la surface, rendue lisse par le frottement d’une bille d’agate, subissait alors un revêtement de colle forte qui la rendait imperméable; ensuite, l’esquisse de la peinture était dessinée avec un rouge léger, facile à enlever, recouvert de couleur blanche; puis le tracé, si l’artiste le jugeait bon, était modifié et précisé par un trait noir qui, lui, était définitif. Lorsque le peintre voulait obtenir plusieurs exemplaires du même sujet, il exécutait un poncif en perforant son papier tout en suivant le dessin, l’appliquait sur une surface vierge et, le saupoudrant de poudre noire, en obtenait les contours essentiels.

Le dessin était légèrement visible; il suffisait alors d’apposer les couleurs, d’origine végétale ou minérale, préalablement broyées et mélangées. C’était une peinture à l’eau, à laquelle on mélangeait un adhésif; elle était ensuite polie avec une bille d’agate et parfois vernie avec une sorte d’amidon. De la grosseur des pinceaux, faits en poils d’animaux (chameau, bélier, mangouste et écureuil) dépendait l’épaisseur du trait.

Les miniatures étaient souvent le fruit du travail collectif d’un atelier; un artiste était spécialisé dans les paysages ou l’architecture, un autre dans les personnages ou les animaux. Cette collaboration, si étonnante pour la mentalité occidentale moderne, aboutissait à la création d’œuvres d’une réelle homogénéité et d’une grande qualité artistique. La plupart des peintures n’étaient pas signées; cependant, dès l’époque d’Akbar, l’on connaît des miniatures signées qui tranchent sur la production courante par leur qualité exceptionnelle.

Conception de la nature

La conception de la nature dans l’art moghol diffère de celle de l’art persan de la fin du XVe et du XVIe siècle. L’art persan voit le monde sous deux dimensions. Il ne cherche pas à rendre le volume des objets; le ciel est une surface unie bleue ou or et les rochers dont le traitement est d’influence chinoise revêtent des couleurs purement fantaisistes; l’horizon est généralement placé très haut. La flore se compose surtout de cyprès, de platanes, d’arbustes fleuris et de touffes de fleurs parsemant les collines et les prairies.

L’étude de la conception de la nature se modifie dès l’époque d’Akbar; le ciel comporte des tons dégradés, les nuages rappellent le traitement plus réaliste de la peinture européenne; l’horizon reste cependant très haut suivant la mode iranienne. Quant à la flore, à côté de la végétation iranienne apparaissent des arbres indiens au traitement ample qui ne laisse pas voir de vide. L’influence occidentale se fait sentir dans le léger modelé des arbres et dans le relief donné aux montagnes.

L’architecture persane, très décorative, mais très plate, avec ses mosaïques et ses tapis aux tons multiples, fait place dans la peinture moghole à une architecture plus réaliste où l’artiste s’attache à rendre les différents matériaux qui la composent et à obtenir ainsi une notion de profondeur. Sous l’influence de l’art occidental, le paysage présente également des vues lointaines, et cela dès la seconde moitié du règne d’Akbar; il s’affranchira ainsi du décor conventionnel du début du règne.

Jah ng 稜r fut passionné par la nature: non seulement il la décrivit dans ses mémoires, mais il la fit représenter par ses peintres; Mans r reproduisit plus de cent plantes d’espèces différentes. Sous les règnes de Jah ng 稜r et de Sh h Jah n, l’art du paysage acquiert une minutie particulière et une grande finesse d’exécution. La peinture de Govardh n représentant Sh h Jah n accompagné par D r Shek h en est un exemple: le ruisseau du premier plan n’a plus le rendu traditionnel de l’eau (tourbillons ou sorte de natte); si l’on excepte les touffes fleuries et l’horizon placé assez haut, réminiscences iraniennes, le paysage a de la profondeur, les rochers ne sont plus peints à la manière chinoise et les arbres présentent un traitement occidental dû à l’opposition de tons clairs et foncés.

Comme Ivan Stchoukine le remarque, c’est la première fois que l’art indien aborde le problème du plein air. Sous Sh h Jah n, ce même phénomène se poursuit et la ligne d’horizon s’abaisse sous l’influence de l’Occident. Sous Aurangzeb, le paysage est traité d’une manière purement décorative; l’artiste emploie l’or et l’argent. À la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, l’on assiste à une véritable schématisation de la nature; ce n’est qu’au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle que se produit un retour au naturalisme dû à un renouveau de l’influence européenne.

Représentations animales

L’art ancien de l’Inde témoigne d’une observation très attentive dans la figuration des animaux, tandis qu’au Moyen Âge une schématisation volontaire apparaît.

Dans la miniature persane, les animaux sont traités d’une façon purement décorative, qu’il s’agisse d’animaux sauvages ou domestiques; les artistes qui ont une prédilection pour le cheval s’attachent seulement au rendu de la silhouette, la teinte du pelage étant purement fantaisiste.

Dans l’art moghol, on retrouve la même faune à laquelle s’ajoute un élément purement indien: l’éléphant, représenté le plus souvent de profil, et de nombreux daims, singes et grues.

À la fin du règne d’Akbar, l’art animalier devient de plus en plus réaliste. Il est aisé de s’en rendre compte dès la production du B bur N meh , dont l’on attribue quelques représentations animales au pinceau de Mans r qui deviendra célèbre sous le règne de Jah ng 稜r. L’influence occidentale ne se manifesta qu’à la fin du règne d’Akbar, où apparurent les poses recherchées, par exemple celles d’un cheval vu de dos ou de face.

On assiste au XVIIe siècle, en Inde, à l’épanouissement du genre animalier sous l’impulsion de l’empereur Jah ng 稜r. Il commanda à ses artistes des portraits d’animaux qui sont généralement vus de profil, dépourvus de modelé, aux contours nets, au rendu minutieux des détails (poils et plumes); malgré ces diverses conventions, ces portraits restent extrêmement vivants et ont la valeur d’une œuvre d’art. Mans r et Manohar furent les peintres animaliers les plus célèbres sous Jah ng 稜r.

L’homme

En Perse, l’artiste s’attachait surtout à rendre la ligne ondoyante et décorative de la silhouette humaine; en Inde, il resta fidèle au canon de la femme indienne – épaules larges, poitrine opulente, taille mince et hanches plantureuses – ainsi qu’à la stature de l’homme-lion.

Au début de l’époque d’Akbar subsiste l’influence persane: l’homme a une tête petite, ronde, tournée de trois quarts, surmontant dans les effets de groupe de petites silhouettes agitées aux écharpes volantes, vêtues de couleurs vives aux teintes plates agrémentées d’or. Sous l’influence indienne, les têtes deviendront plus grandes et seront présentées de profil, l’allure humaine deviendra plus raide, et un certain sens du modelé apparaîtra dans le visage et le costume sous l’influence européenne; les costumes deviendront plus sobres.

Aux époques suivantes, ces tendances s’accentuent. L’homme cesse d’être représenté en action, le principe de la plus grande visibilité est adopté – tête et pieds de profil, corps et jambes de trois quarts – et contribue à rendre de la stabilité au sujet; le visage de profil donne au personnage une attitude calme et réfléchie; quant aux vêtements, ils sont composés de lignes droites ou légèrement courbes, soulignées par des effets de tissu transparent, procédé typiquement indien.

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, apparaît une tendance à la stylisation et à l’archaïsation. Grâce à l’influence européenne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’image humaine, souvent vue de trois quarts, reprend du volume, les attitudes redeviennent moins raides et confèrent au personnage de la vie et de la liberté.

Le grand apport de l’art indien, qui le différencie de celui de la Perse, est l’art du portrait. Les artistes se sont appliqués à rendre des expressions mobiles et fugaces, tout en respectant le principe de la plus grande visibilité. C’est au XVIIe siècle que, libéré de toute influence persane, l’art du portrait indien va atteindre son apogée. Vu de profil, ses caractéristiques mises en valeur par un léger modelé et un rudiment d’ombre soulignant l’œil et le menton, l’homme est fortement individualisé: on a conservé toute une série de portraits où apparaissent de multiples races.

Au XVIIIe siècle, les portraits se figent et retombent dans l’archaïsme à force de simplification exagérée des traits; à la fin du siècle, un renouveau d’influence européenne redonnera de la vie aux portraits moghols. Le portrait féminin suit sensiblement la même évolution que le portrait masculin; toutefois, il mettra plus de temps à se dégager du caractère éthéré donné à la femme persane. Les images les plus réalistes voient le jour sous le règne de Sh h Jah n. Tandis que, sous le règne d’Aurangzeb, la femme perd son individualité pour se conformer à un portrait idéal qui sera à la base de toutes les scènes de genre et d’intimité.

Ainsi, on peut constater que, si l’art européen eut une grande influence sur l’école moghole pour rendre la diversité et l’individualisation des visages, pour le corps humain les Indiens restèrent fidèles à leurs traditions ancestrales et, si l’on excepte les règnes d’Akbar et d’Aurangzeb, donnèrent à leurs personnages des poses nobles et majestueuses. En tout état de cause, qu’il s’agisse de thèmes de guerre, de cour ou de genre, la représentation de l’homme a toujours une valeur dominante.

La composition et la palette

Si l’on s’attache à l’étude de la composition et de la palette dans la miniature indienne, on s’aperçoit que, à l’inverse de la miniature persane – qui dans une même œuvre a plusieurs centres d’intérêt et emploie diverses couleurs chatoyantes éparpillant l’attention –, les couleurs au XVIIe siècle sont plus pâles et le centre d’attention surgit grâce à l’unité créée par la lumière, procédé européen.

Au désordre de la composition perceptible dans les premières œuvres du règne d’Akbar succède la composition en diagonale empruntée à la Perse. Puis apparaît l’emploi de diverses perspectives: la perspective en hauteur, la perspective aérienne et panoramique, la perspective occidentale et la perspective orientale (ou perspective inversée: les lignes partant du fond de la composition convergent au premier plan).

Au XVIIe siècle, l’artiste indien vise à traduire la stabilité; il atteint son objectif en employant des lignes droites et en subordonnant toutes les parties du tableau à une idée d’ensemble. On adoptera la conclusion d’Ivan Stchoukine: «La composition moghole au XVIIe siècle est le résultat de la synthèse entre les éléments autochtones et des apports étrangers.» À l’Inde, elle doit la structure monumentale et l’ordonnance géométrique; à l’Europe, le rapport organique de ses parties, la subordination à l’ensemble et l’unité parfaite qui en résulte. Quant à la palette, elle se compose de demi-tons, rose, ivoire, pervenche, gris et marron.

Au XVIIIe siècle, la composition est la même qu’au siècle précédent: emploi de lignes droites et de surfaces vides, avec apparition, toutefois, d’une tendance au faste et au grandiose.

À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’influence de la composition occidentale est plus accentuée, bien que Mir Chand s’attarde encore, dans certaines œuvres, à employer le style de composition persan safavi ou celui de l’Inde du XVIIe siècle. La palette continue à adopter les teintes mortes utilisées à la fin du XVIIe siècle (gris, brun, mauve, violet), auxquelles s’ajoutent du blanc et du rouge qui donnent des effets de contraste.

En conclusion, on constatera avec Ivan Stchoukine que l’art moghol est un art profane et mondain qui s’affranchit rapidement de l’influence persane pour subir, dès l’époque de Jah ng 稜r, l’influence européenne en ce qui concerne l’art du portrait, la composition, la palette aux teintes adoucies et le retour à l’étude de la nature.

Les arts mineurs

L’art moghol possède des œuvres d’art de grande beauté: soit des tapis qui représentent des motifs indigènes, scènes animales ou décors végétaux, chrysanthèmes et cyprès, par exemple, se détachant sur un fond de velours crème et comportant des broderies vert foncé, bleu clair, rouge et or; soit des tentures pour la cour: l’une d’elles se compose de bandes alternées d’iris et de coquelicots aux broderies vertes, roses et rouges sur du coton travaillé avec de la soie et des fils d’or.

Il faut évoquer rapidement les costumes aux somptueux manteaux, aux ceintures brodées, aux voiles aériens et la pureté des bols en cristal gravé de motifs floraux ou de palmettes du XVIIe siècle, les bols en jade de la même période, d’une pureté exceptionnelle, où la seule fantaisie réside dans les anses, ou encore cette boîte octogonale en jade posée sur un plateau de même forme et incrustée de rubis et d’or.

On terminera cette brève évocation par la mention des armes mogholes dont les formes proviennent en majeure partie de la Perse: les sabres, les épées, les poignards aux manches incrustés de pierres précieuses; les fourreaux damasquinés souvent enrichis, eux aussi, de pierres précieuses; les boucliers ronds en cuir laqué ornés parfois de dessins floraux en relief, accompagnés de petites protubérances damasquinées.

Moghols ou Mogols
(Grands) Timourides qui régnèrent sur l'Inde du Nord du XVIe au XVIIIe s.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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